Hi Laurent,
Pas tout à fait une bio de Buck Owens, mais une petite présentation du Backersfield Sound que le bonhomme a largement contribué à élaborer :
Tirée comme à l'accoutumée de ma petite base de données perso et de ma modeste (mais passionné) plume.
En espérant te satisfaire et te donner envie d'aller faire connaissance de cet artiste majeur.
Bonne lecture
Suite à la grande dépression des années 30, nombre de sudistes s'expatrient vers la Californie espérant y trouver des conditions de vie meilleures que dans un Sud agricole économiquement exsangue. En résulte l'établissement sur la Côte Ouest d'une société emprunte de culture sudiste où la Country Music tient un rôle prépondérant et justifie la création d'un label et d'une émission T.V. musicale spécialisés : Capitol Records et The Town Hall Party dont Merle Travis, Joe Maphis (1921 - 1986) et Johnny Bond (1915 - 1978) sont les fers de lance.
Le Backersfield Sound
Les artistes du cru continuent pour la plupart d'exprimer une Country Music traditionnelle avec un talent évident à défaut d'un réel esprit novateur. Il faut attendre la fin des «fifties» et Buck Owens pour voir aboutir un genre original à l'ouest du Pécos : Le Backersfield Sound, d'essence résolument Honky Tonk (Buck Owens est né au Texas puis émigre en Californie) teinté des divers styles musicaux notamment de Rock'n'Roll que Buck Owens pratique lors de ses sessions( avec gene Vincent entre autres) en tant que guitariste. Il bénéficie également de la collaboration du guitariste Don Rich, comme lui adepte de la Fender Télécaster. Le discret Tommy Collins n’est pas étranger à la genèse du Backersfield Sound, ainsi, Buck Owens et Merle Haggard sauront lui rendre régulièrement hommage.
La plupart du temps résumé aux noms de Owens et Haggard, le Backersfield Sound connaît une première approche dans l’œuvre d’artiste tels Bill Woods (1925-2000), Billy Mize (1929-), Cousin Herb Hersons (1925-1963), habitués des Honky Tonks du Conté de Kern où ils distillent un Honkytonk mâtiné de Rockabilly. The Blackboard Café, The Bob’s Lucky Spot, The Rainbow Garden, The Pumkin’Center Barn Dance, autant de repaires pour les Arkies et Okies installés en Californie depuis la Grande Dépression et en particulier dans cette région particulière de la Vallée de la San Joachim. C’est de cette remarquable pépinière de talent qu’émerge le Backersfield Sound dont Buck Owens et Merle Haggard nous livrent la version la plus aboutie, non sans le soutient discret de Ferlyn Husky et Tommy Collins. Toutefois, dès 1949-50, George French (-), Billy Mize, Fuzzy Owens (1929-), Lewis Talley (-), Tex Butler (-) et Bill Woods (lui aussi natif du Texas, beaucoup lui attribuent la patente du genre) proposent une orchestration originale où dominent piano, steel guitare et l’incontournable guitare Fender Télécaster déjà utilisée par les géniteurs du Tex Mex Sound, tels Buddy Holly.
Le succès ne tarde pas à capter l’attention de la mégapole voisine de Los Angeles où nos lascars peuvent bénéficier d’une logistique performante grâce à Capitol records et aux stations radio et TV (KUZZ, KERO, KXLA…).
Autre particularité du Backersfield Sound, le choix de texte où la poésie tient un rôle majeur, outre Tommy Collins, Haggard, et Owens, plûmes phares du genre, on peut citer le nom de Dallas Frazier (1939-) repris par des artistes d’horizons diverses, de Presley aux Beach Boys en passant par Willie Nelson.
Buck Owens (1929-2006) Texan d'origine, il grandit en Arizona avant d'installer sa famille en Californie où il décroche un contrat de session man pour Capitol Records. Il y accompagne sur cire des artistes aussi divers que Tennessee Ernie Ford, Tommy Collins, Tommy Sand, Wanda Jackson et Gene Vincent. En 1957, il s'essaye au Rockabilly, gravant pour son propre compte le génial "Hot Dog" sur Pep Records. Peu enclin à suivre les impératifs du Nashville Sound, il finit par construire son propre studio dans son ranch de Backersfield où il invite tous ceux qui partagent ses vues à venir le rejoindre. Appel entendu par la vétérante Rose Maddox, mais également par Wynn Stewart et Merle Haggard. Buck rejoint les élus du Country Music Hall Of Fame en 1996.
Wynn Stewart ( 1934 - ) A 15 ans, il effectue ses premiers enregistrements sur Lintro Records. 4 ans plus tard, il signe sur Capitol où en 1967, il commet "It's Such A Pretty World Today" qui reste classé 22 semaines dans les charts Country.
Merle Haggard (1937 - ) élu en 1994 au Country Music Hall Of Fame. Son père joueur de fiddle décède alors qu'il n'a que 9 ans. Le gamin suit dès lors une pente douteuse qui le conduit tout droit à la tristement célèbre prison de St Quentin. Libéré en 1960, il se lance dans une carrière musicale et fréquente les clubs de Backersfield sa ville natale. Deux ans plus tard, il grave "Sing A Sad Song" (signée Wynn Stewart dont il fut le bassiste quelques temps) sur Tally Records, le disque se vend bien, tout comme les suivants, ce qui l'amène à signer chez Capitol où son premier disque "Strangers" confirme largement les espoirs mis en lui. Ses compositions ("Lonesome Fugitive", "Daddy Franck"…) en font la coqueluche des étudiants des campus de l'Est qui voient en lui l'héritier direct de Woodie Guthrie. Image de partisan gauchiste qui ne lui convient guère aussi décide-t'il de remettre les pendules à l'heure en enregistrant "Okie From Muskogee", hymne aux valeurs morales de l'Amérique. S'il s'attire évidemment les foudres de son ancien public, il conquiert en revanche Nashville qui lui décerne l'Award C.M.A.. de la meilleure chanson de l'année 1970. Merle Haggard s'impose comme le leader du Backersfield Sound, ne se contentant pas de ravir la représentativité du genre à Buck Owens, mais également sa femme Bonnie (1929-2006). En 2005, pour clore la controverse, il partage l'affiche avec Bob Dylan
Aujourd’hui, Dwight Yoakam se revendique avec ferveur du Backersfield Sound dont l’influence ponctue à l’évidence le jeu de Brad Paisley. Autres héritières de charme et de talent, Dani Leigh (1970-) et Heather Myles (1963-) dont les galettes sont toujours un petit régal.
Hee haw