Hi,
Ben oui, y'en a de la country music au canada :
Assez logiquement, l’évolution de la musique populaire dans les provinces maritimes (Nouvelle Ecosse, Nouveau Brunswick ) au Québec, en Ontario et à l’Ouest, en Colombie Britannique, suit une logique similaire à celle vécue dans les Appalaches. Les premiers artistes notables sont fiddlers et fréquentent les studios d’enregistrements dès la fin des années vingt tels George Wade (1895-1975) et Don Messer (1903-1976). En 1932, la filiale canadienne de Victor records signe Wilf Carter alias Montana Slim l’un des premiers artistes chanteurs solistes à se distinguer, entre autre par une belle maîtrise du Yodel. Puis, Victor étoffe son catalogue avec l’arrivée de George Wade en 1933, Hank Snow en 1936 et Hank La Rivière en 1941. Ces quelques artistes à percer sur le marché U.S. proposent une musique influencée par les premiers grands du genre, en tête Jimmie Rodgers. Ils apportent toutefois une originalité vocale unique au phrasé très académique, certains diront «british» qui tranche du son «twangy» des natifs du Deep South. Par ailleurs, les canadiens, comme les australiens, ne bénéficient pas directement de l’apport du Blues et du Jazz et pendant plus longtemps se contentent de jouer sur les thèmes traditionnels avec une dominante Reels et Jigs portée par une communauté écossaise très présente, loin de la polémique suscitée par le Honky Tonk puis les Cheating Songs. Une carence qui explique sans doute le manque de portée de cette expression vite sous la coupe de sa voisine américaine.
La Grande Dépression des années trente et ses mouvements migratoires, puis la seconde guerre mondiale et enfin le développement rapide des médias radiophoniques et du cinéma accélèrent l’intérêt des canadiens pour la Country Music de leur voisins d’autant que cette dernière à conquis tous le pays jusqu’aux abords des grands Lacs où se sont fixés nombre de sudistes en mal de travail. Si cette diffusion profite aux auditeurs, les artistes locaux n’en profitent guère avec un créneau saturé par les américains. La réussite d’un Hank Snow par exemple demeure exceptionnelle. Stu Phillips (1933-), Lucille Star (1938-) et Ronnie Prophet (1937-) n’y connaîtront qu’un embryon de réussite.
Les années soixante et le renouveau Folk vont être plus généreux d’autant que la «popisation» de la Country Music offre de nouveaux débouchés. Dans ce contexte se distinguent Anne Murray, Shirley Eikhard (1955-) ainsi que quelques adeptes du Country Rock tels The Good Bothers, Prairie Oysters auxquels se joignent des représentants efficaces du Folk urbains dont Murray McLauchlan (1948-) et surtout Gordon Lightfoot (1939-) source d’inspiration avouée de quelques ténors U.S.. Bluegrass et autres expressions traditionnelles profitent de cette vague du «good old time», occasion de redécouvrir ses racines en particulier pour les acadiens de langue française proches cousins des cajuns de Louisiane et aux sonorités musicales voisines.
Avec les années soixante, le secteur Country devient suffisamment rentable au pays de l’érable pour que la radio s’y consacre pleinement. Première station dévouée au phénomène à plein temps, C.F.C.W. en Alberta où les cowboys du cru sont naturellement ouverts à la Country Music. A l’aube des années 2000, plus de 100 stations se partagent le marché. En 1975 est créée la branche canadienne de la Country Music Association.
L’age d’or de la Country music canadienne commence avec le Honky Tonk Héritage des années 80, dans le sillage des américains se glissent Ian Tyson (1933-), Blue Rodéo, Spirit Of The West, gardiens des valeurs du monde de l’Ouest et des Cowboys dont les provinces du Grand Ouest, Alberta et Saskatchewan n’ont rien à envier au Montana et Wyoming voisins et surtout K.D. Lang une jeune femme fort créative dont le charme séduit le producteur Owen Bradley et quelques grandes dames de Music City. K.D. Lang tourné vers le septième art, d’autres profite de la brèche ouverte dans le mur du conservatisme et du nationalisme «nashvillien» et durant les années 90, certains s’expatrient durablement, Michelle Wright (1962-), Paul Brandt (1972-), The Wilkinson, Terry Clark (1968-) et l’incontournable Shania Twain à la popularité interplanétaire qui parvient au sommet country avec l’obtention d’un Award C.M.A. «d’Entertainer of the Year». Une grande première sachant que fidèle à son machisme résiduel, le petit monde de Music City ne l’accorda que rarement à une dame. Et dans ce cas précis, canadienne.
Hee haw